« La
nation, l'Etat, étatique, statique, le pays, ce-pays, le territoire,
le terrain, la propriété, le propriétaire et la priorité, une
zone, zoner, zone de non-droit, no-go-zone, N'Y ENTREZ PAS, enclavé,
enfermé, comme cette cité, cité un peu plus haut dans les
journaux, inaténiable par ces frontières, cas barrières, ces
barbelés, ces murs, son tracé approximatif, le passage, passer,
entrer, forcer, rêver, appartenir à ce territoire rêvé, cette
contrée, cette terre, terrien, tu n'es rien, RIEN A FOUTRE DE
CE-PAYS, cette limite, ce cadre, cette boîte infranchissable, une
utopie pour certains, délimitée, limitée, encerclée, fermée,
contrôlée, justifiée, justifier ce-pays, ce sol, cette matière
terre, ou ce territoire administratif, administré par
l'administrateur colonial, volant ce-pays, ses chefs, décidant,
dissidents, décisionnaire, résistant pour ce pays, il
est à moi, je le prends, je me l'accapare, je l'étiquette, j'y
plante mon drapeau, mes couleurs, mes idées, vos idées, égoïsme
ironique et macabre, appartenance toujours tracée délimitée,
imaginée, permis, père et mère, c'est par la mer que passe, que
pars, qu'apparaît, disparaît, englué, englouti, noyé dans ce rêve
qu'on m'a fabriqué, bricolé, donné, imaginé par vos soins, vos
mains voraces que J'AI VOMI quand j'ai vu que tout ça n'était que
machination sans machine parce que je ne peux que mâcher mes mots,
voilà c'qui reste après avoir trié, sélectionné, recadré,
découpé, décharné sans humaniser, enlevant, défaisant, grattant,
prélevant, m'ordonnant de faire ce qu'il vous plait, sans me
consulter, me demander, me dessiner ce dessein, dit sincère pensé
comme vérité, l'obligation, la vraie, la loi, la loyauté, dictée
en dictature, dictate, dite, différenciée par ces dires aux dix
vérités, donnez-moi, glanez pour moi ce récit auquel je dois
m'identifier, reconnaître, dans lequel elle m'a vu naître, MA
PATRIE, patriotique, tiquée, MAIS T'ES QUI TOI, obligé, contraint,
à se plier, à la règle, la mesure dosée, effilochée, qui se
targue d'être l'unique, sans discuter, sans imaginer l'envers de
l'endroit où elle se trouve, la pitié, QU'EST-CE QU'ILS EN FONT EUX
DE VOTRE PITIÉ, calibré par les héritiers d'une nation
empoisonnée, bricolée, fragmentée, non historiographiée, graffez
sur ces murs votre propre vérité, celle que vous pensez être
véracité, citez la juste une seule fois, comme un hymne, un appel,
la pelle qui creuse, cherchant, sa propre histoire, écrivant, datant
et réinventant une mélodie manier par les maux, les mauvais, les
moins bons qu'on me dit, mais c'est la leur, d'histoire, alors
laissez-nous décider, embarquer sur cette route que vous appelez
altérité, alter ego, alternative, alors j'hâte le pas sur cette
contrée native, hâtive, attention à ne pas trop vous hâter, vous
risquerez l'accablement, le mensonge, mais sans la nuit d'été, vous
resterez dans l'obscurité du non identifié, ce besoin de marquer,
numéroter, fliquer, vérifier, automatiser, dématérialiser,
lister, numéroter cette norme qu'il faut qualifier d'innommable,
nommé dans un élan de supériorité supposée superposer un modèle
inchangé qu'on a du mal à faire évoluer, il faut alors
stigmatiser, enrayer, et bouffer tout ce qui est de côté, ce qui ne
veut pas rentrer dans cette boîte qu'il ne faut surtout pas casser,
brusquer, enflammer, exploser, dénaturer, par peur que votre
authenticité soit balayée, d'un souffle, d'un coup, coup d'Etat,
dirigé par L'ETAT D'AME DU DAMNE, amené à vriller, dégommer, les
plots limitant la vitesse de votre pensée, moi j'essaye d'immerger,
de balancer ces préjugés, ces regrets inavoués, cachés, nécrosés
dans ce tissu d'anciennetés, fustigés, vestigés, vestige d'un
passé qui doit être assumé, éclairé, crié, décrié par la
critique criarde maintenant criogenisée, elle gémit, agonise,
encerclée, égorgée, tout ça parce qu'elle a essayé de résister,
alors on la hache, on la dispatche, on la tâche, congelées, fixées,
agrafées, clouées, collées, cette lisière est emmurée, par son
tracé crayonné, piqué de bouts de verre cassés, balayé,
machinalement, robotiquement ou l'aurait espéré, créé des êtres
articulés, formés à déblayer, mater, frapper, gazer, injurier,
déshumaniser, empoigner, fusiller tout ce qui doit être écarté,
on y pense, on le voudrait, déléguer le sale boulot, le
synchroniser, l'informatiser, le scripter, l'automatiser, le teaser
d'une société rêver entièrement mécanisée, écartelée,
flippée, flippante, sacrément pratique, plus besoin de voir,
sentir, la merde qui nous tient, celle qu'on veut oublier, délayer
dans des litres d'eau salée, celle qu'on regarde, sans rien faire,
paralysés, enlisés, emmerdés, aveuglés, obstrué, bouché, je
feinte, la solution, la dissolution de l'être, en essayant d'oublier
mon autre, mon hôte, en lui ôtant tout ce qu'il lui restait
d'important, lui prélevant, décortiquant, incisant, découpant,
martelant, ciselant, modelant un assemblage d'images, qu'on me
montre, avec lesquelles on me gave, me tanne, à se demander si on
est dans un roman de science-fiction, en friction, éphémère
dictions aux vieux dictons, mais d'où viennent-ils, te plaisent-ils,
ces tirailleurs, railleurs oubliés, exécutés, persécuté, gommé,
enfant de la passivité, de l'agressivité, non, il n'y a rien
d'étonnant, détonnant, publiquement, uniquement, manquement
d'histoires, dénouement qu’on voudrait hasard.
Visages,
visa, à portée télescopique, biométrique, anthropomorphique,
usés, par le temps de l’attente, j’attenterai donc un attentat
par manque d’attention, à qui je porte atteinte ? Mon être,
le je suprême, parle en mon nom, mais qui sommes-nous, qui est ce
nous ? Ce nous décideur, demandeur, qui m’octroi le droit de
demander, apposer, tenter, et de me refuser ne serait-ce qu’un
essai, ton numéro de série de m’intéresse pas, tu ne m’intéresse
plus, qu’as-tu à me proposer, toi qui n’est pas de chez moi ?
Avant de faire cet essai, tu devras me prouver ta solvabilité, ton
identité, ton intégrité, mais tu resteras pour moi qu’un
immigré, moi nation, état, étatique, statique, le pays, ce-pays,
ce territoire.