LICHAUNE (corpus Plantes en révoltes)

je suis la Lichaune du désert traversant les feux,
et les temps,
je tue, je me tue,
je me mute en un noir qui vous en liquéfie le sang,
je peuple les angles morts,


je suis Lichaune, liant les espaces et les esprits; perdu depuis.
Je vous enlève la vue de ce monde qui ne saurait vous plaire,
je vous délaisse de vos abysses,
de vos mots et morales,
je vous transperce en temps,
des guerres,
je vous traverse à votre temps,
à votre rythme, je
parle
à votre rythme je
cache les ondes spasmodiques de vos,
mondes,
les ondes arithmétiques de vos,
tombes,
éclairées par ses feux,
follets,



je végète en silence dans
ces terres arides,
ces déserts de sables transparent,
translucide,
transterrien,



je suis lichaune,



la plante,
celle des plantations,
celles de exactions commises en plantant,
l’autre,
du monde auquel je n’appartiens,
plus,



je suis



je ne suis plus que cette feuille,
à la couleur du feu, cette feuille
à la couleur du temps,
fragmenté, fracturé,
un facsimilé de nous-mêmes,



parce que je suis Lichaune,



une plante vertueuse,
qui transforme le plomb en argent,
le cuivre en diamant,
les esprits, déments
démentiels de temps de changements,
alchimique par son temps,



je suis lichaune.



Cette plante que l'on donna aux opprimés,
pour se rebeller,
cette plante qui, fermentée,
crie révolte et insoumission,
portée à ébulition je fomente en vous,
la révolution,



parce que je suis lichaune,



ma tempête sème le trouble,
les vents portent mes graines de,
résistance,
à contre-feux je,
je porte mes braises d'insurrection,
mangez-moi,
extirpez mon essence d'insubordination,
pour enfin vous lever et crier,
face au vents et marais,
que votre temps est venu,



j'ai poussé dans ce sable brulant,
caravanant mes frères et sœurs,
en direction d'un pays incertain,
mes racines portent en elles
des milliers de parchemins,
comptant ces histoires de révoltes,

on me brûla,

invoquant mes pouvoirs mystiques,
mais mon chant,
porté par les vents,

demeura

                          
Mark