Textes


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ORTIAUNE (corpus Plantes en révoltes)

J'ai emporté le vent,
Et mes graines dans ce paysage aride,
Celui des empires déchus,
Les empires qu'on oublia,
Pensant connaître le monde des grands,
Celui des puissants,



Je suis

Un paysage de ruines,
amoncellement de mémoires,
fugasses,
avalées par le
                    temps,



je suis

les ruines du noir,
absorbant les déchets du,
                               passé




je suis

Mes graines qui continuent de pousser sous ce sol lunaire,
Traversé par nos caravanes,
Assourdis par leur plombs,
Elles survécurent,

je suis

Cette femme que l'on appela prêtresse,
Cette femme qui me mangea
m'ingurgita,
transformant sa propre chaire en une poussière d'éclats,
En un grain,
De sable.

Ortiaune,
Me nomma-t-on

                 Ortiaune

Je vis à travers vos corps désintègrés, désagrégés,

vos corps,
ce que l'on pense intègre, intégrés,

Ma force submergea les armées,
Ma force, incarna les,
Damnés,

C'est aux côtés de nos enterrés que je prends vie,
Mangeant les esprits ; chaire et os,



Ortiaune,



Parce que je suis cette plante qui fait fondre les barbelés,
Je suis cette,
Plante,
Qui survie,
Je suis une mauvaise herbe,
Celle qui,
Pousse à travers le béton,
Celle qui continue de vivre sous vos,
Semelles,
piétinée

Vous ne me connaissez pas,
encore,
J'harponne nos espoirs,
Me dérobe sous ces gravas qui,
pensent combler le vide,


Je suis une ruine,
non pas du passé,
Une ruine futuriste,


qui traverse les temps,
les eaux et le Styx,
je mange les morts et les vivants,
j'ai été Andoumboulou,
passant de plante à serpent,
rampant vers la grotte Songho,
J'ai été ce Soleil de plomb,
Qui changea vos barbelés en végétation,
J'ai été une femme guerrière,
Un drapeau traversant les temps,
une frontière sans limites,
une cartes des terres,
un espace sans noms,
un cyborg sans race,
un vaisseau en perpetuel mouvement,
je suis le parti imaginaire,
le comité invisible,
un rhizome,
une terre désenclavée,
j'ai été
un parchemin brûlé,
une histoire atomisée en éclats de,
verre,

j'ai été
Otiaune.

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LA RICANCOLIE (corpus Plantes en révoltes)

Cette plante est un titre à d'innombrables récits, La riçancolie à sions, La riçancolie et la jungle, La dernière riçancolie de l'univers, La première riçancolie de ces mondes simultanées, Celle qui pousse, celle qui meurt sous vos pieds engourdis; Une riçancolie dans la ville, La riçancolie et le béton, La riçancolie en pot, La riçancolie dans le béton 2, Elle planta; La riçancolie ensorcelée; La riçancolie et le bourreau; Le pot; La riçancolie du désert; La riçancolie pousse dans le désert; La riçancolie et les damnés; La plante maléfique, La riçancolie pendue, Riçancolie sur bateau, La plante perdue; La plante retrouvée, La plantureuse; La plante et la bêche; La plante et le râteau; La riçancolie et le tout monde; La riçancolie qui soigne; La riçancolie; La riçancolie et le noyer; La riçancolie noyée; La plante de Shabazz; La plante sismique; La plante cosmique; La riçancolie dans l'espace; La première plante dans l'espace; La plante sans frontière; La déracinée; L'enterree, La déplacée, La plante et ses racines sans frontières; La plante et le barbelé; La mauvaise herbe; La plante qui poussée même à travers le béton; La plante d'Adis Adeba; La plante de Carthage; La plante et le plantureux; La plante et l'observatoire; Une plante dans le désert d'Atacama; La plante qui vivait à côté d'un os; Celle qui vécu les guerres; La plante et le couteau; Une plante dans le mur; La riçancolie et la feuille morte; La plante et le mort; La plante qui fait pleurer ; La plante et l'enterrement ; La plante et les pleureuse ; La fausse plante ; La plante en plastique­; La plante tombale; La plante qui aspirait les couleurs; La plante du royaume d'Anteta; La plante qui siégeait à côté de la Reine pourpre; La plante sanguine; La plante et le pixel; La plante numérique; La plante et le spaceship; La plante qui poussait même dans l'espace; La plantée la; La plante et les indépendances; La plante en révolte; La venus noire et la plante; Le dernier dilemme de la riçancolie; La plante et le touriste; La plante piétiétinée; La plante en jachère; La plante et Sirius; La plante du Kankurang; La plante en case; La plante en noir; Les feuilles riçan-coliques; La plante et la sorcière ; La plante de Salem; La riçancolie et Marie Laveaux ; Mamie Wata et la plante des eaux ; Hilombi brûla ces feuilles ; Les racines du sortilège ; Le ndolé ; La sauce noire; La plante médicinale ; La médecine du pauvre ; Comment se soigner avec les plantes ; Les plantes magiques existent-elles ?; Qui a déraciné la riçancolie millénaire ?; La riçancolie et la déforestation ; La riçancolie et la pelleteuse ; La plante et la tronçonneuse ; La plante qui perdit sa forêt ; Elle n'existe plus ; Vivre sans forêt ; Les potions de la forêts indépandante ; Plante et indépendances ; Elle tua le roi ; La plante et le poison ; La plante qui empoisonna le roi ; La Plante et le coup d'Etat ; La forêt le sauva ; Elle est obscure; Je n'ai jamais vu la foret ; La plante qui ne connu que la ville ; La plante apprivoisée ; La feuille qui ne savait pas d'où elle venait ; Celle qui grandit sans lumière; La plante d'aquarium ; La riçancolie et le poisson ; La riçancolie qui empoissona le poisson ; La plante qui tue l'oxygène; La plante qui pêche ; La plante de mon père ; La plante qui pêche ; La plante que me raconte mon père ; La plante dont je ne croyais pas l'histoire ; La plante impropable ; Une plante et le mythe ; Le mythe de la riçancolie ; La riçancolie de ce-pays ; Elle vécu dans les maquis ; Elle fit vire le maquis ; La plante de fortune ; Celle qu'on mangeait tous les jours ; La plante qui devint plat national ; La plante et l'emblême ; La plante portée en symbole ; Il ne faut plus parler d'elle ; On l'extermina ; La plante de l'ennemi ; Elle n'avait rien demandé;


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LICHAUNE (corpus Plantes en révoltes)


je suis la Lichaune au désert traversant les feux,
et les temps,
je tue, je me tue,
je me mute en un noir qui vous en liquéfie le sang,
je peuple les angles morts,


je suis Lichaune, liant les espaces et les esprits; perdu depuis.
Je vous enlève la vue de ce monde qui ne saurait vous plaire,
je vous délaisse de vos abysses,
de vos mots et morales,
je vous transperce en temps,
des guerres,
je vous traverse à votre temps,
à votre rythme, je
parle
à votre rythme je
cache les ondes spasmodiques de vos,
mondes,
les ondes arithmétiques de vos,
tombes,
éclairées par ses feux,
follets,



je végète en silence dans
ces terres arides,
ces déserts de sables transparent,
translucide,
transterrien,



je suis lichaune,



la plante,
celle des plantations,
celles de exactions commises en plantant,
l’autre,
du monde auquel je n’appartiens,
plus,



je suis



je ne suis plus que cette feuille,
à la couleur du feu, cette feuille
à la couleur du temps,
fragmenté, fracturé,
un facsimilé de nous-mêmes,



parce que je suis Lichaune,



une plante vertueuse,
qui transforme le plomb en argent,
le cuivre en diamant,
les esprits, déments
démentiels de temps de changements,
alchimique par son temps,



je suis lichaune.



Cette plante que l'on donna aux opprimés,
pour se rebeller,
cette plante qui, fermentée,
crie révolte et insoumission,
portée à ébulition je fomente en vous,
la révolution,



parce que je suis lichaune,



ma tempête sème le trouble,
les vents portent mes graines de,
résistance,
à contre-feux je,
je porte mes braises d'insurrection,
mangez-moi,
extirpez mon essence d'insubordination,
pour enfin vous lever et crier,
face au vents et marais,
que votre temps est venu,



j'ai poussé dans ce sable brulant,
caravanant mes frères et sœurs,
en direction d'un pays incertain,
mes racines portent en elles
des milliers de parchemins,
comptant ces histoires de révoltes,

on me brûla,

invoquant mes pouvoirs mystiques,
mais mon chant,
porté par les vents,

demeura

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Liqueurs de sable

Je chante depuis tes eaux/os,
tes ossements,
j'écris avec mon sang,
des histoires diaphanes,
naviguant entre ces mondes de demains,
démembrés par les siens.
Mes os portent ces âmes, amères,
mes eaux
transitent de la vie à la mort en chair-mot-de-passe
mon eau transite par leur mort, la leur,
diluée dans ces litres d'eaux salées.
Mon crime est porté par mon immobilité,
je suis,
un sans-barque,
bloqué sur ces rives,
scindées par le Styx,
je suis parti à la nage,
Mon corps-barque, corps-bois, corps-quillage, ce mot-canon, mot-flèche abonde sur cette eau,
couleur rouge-sang, rouge-gorge, rouge.
Sous ma tête,
une montagne sacrée; le Mont analogue
sous mes pieds
un monde pour certains inventé; l'Atlantide
perdu de tous, ces espaces sont perdu de tous
ma carcasse trouva en eux l'espoir de naviguer
mais sachez qu'il ne reste d'humain que mes os,
constellation calcaire,
qui,
côtoie ces membranes de navires,
décharnés, chavirés, les cendres du passé
j'écris le silence,
mes mots-ruines, mots-vestiges, mots-reliques,
restent en suspens
c'est en coquillage que je réapparait,
sous ces maillages de sables, tapissés,
de bleu, blanc-rouge,
j'ai navigué sur le Styx,
sans jamais me retourné, j'ai navigué,
je n'ai pas le sang bleu,
mais rouge, blanc, vert et ocre
nous avons le sang voyageur
nous sommes une flotte de damnés
d'abord portée par le vent, puis les courants
c'est par Saturne que nous sommes maintenant guidés,
nos mots constellent de lumières taries,
les eaux ont maintenant séchées
le fleuve et les rives forment un désert,
un chemin, que l'on peut emprunter
c'est à contre courant que l'on marche maintenant
contre ces vagues de sable, vagues de vent refroidies par les nuits désertes
le Styx, ce Sahara, mirage de sécheresse
est maintenant un vaisseau en perpétuel mouvement
En levant la tête,
on l'apperçu, celle qui nous emmena sur notre Terre mélancolique
Saturne et son SpaceShip,
Ce lien, entre la Terre et les rivages célestes.
Perché sur ces montagnes sacrées,  elle observe ces paysages dévastés par les eaux,
Le lien est intergalactique, internet, interlude de chants, et d'harmoniques.
Nous voilà arrivés, naufragés des eaux et des sables,
nous voilà arrivés, relique du passé, sur cette terre de plomb,
ce niger,
Nous voilà arrivés au règne de Saturne changé en siècle d'or.
Nous les damnés, portons nos capes de bouteilles,
agglutinées
Nos masques de sachets amarrés.
C'est sur ce bout de territoires; notre vaisseau en perpétuel mouvement,
qu'agit la transformation du plomb en or,
des déchets en diamants,
On récupère
On récupère notre souffle,
On récupère
On récupère nos noms, cendrés
Nous voilà, naufragés des eaux et des sables,
nous voilà, reliques du passé, sur cette terre de plomb,
ce niger,
Nous voilà au règne de Saturne changé en siècle d'or.
Après avoir parcouru, le Noun et le Nil, Le Gange et l'Atlantique,
Nos coprs-liquides, corps-Casamance, nos corps, corps-betsiboka, corps-Amazone, corps-Congo, corps-Sébou, ces corps, corps Sanaga, coprs-Nyong,
Nos corps-fleuves
Nos corps-Chari, Corps-Tana, corps-Comoé, corps-Ogooué, corps-Saloum.
Naufragés des eaux et des sables,
Reliques du passé, aujourd'hui sur cette terre de plomb, ce Niger.
Au règne de Saturne changé en siècle d'or.